[RPG-MAKER.FR] Oniromancie: tout l'univers de RPG Maker en français - Les forums

Perso j'appelle ça le dilemme de la couche de chantilly sur le gâteau.

Y a des gens qui ne savent pas aller plus loin que la couche de chantilly et qui se disent que si elle se trouve là c'est forcément parce que le gâteau est mauvais (genre Joke au sujet de GoT, qui fait une méga fixette sur la chantilly sans regarder en dessous).
Et puis y a des gens qui ont goûté le gâteau et l'apprécient s'il est bon (et qui au pire se foutent de la présence de la chantilly mais en général l'aiment bien secrètement, parce que franchement, c'est peut-être bas et facile, mais qui n'aime pas la chantilly ?). Cette catégorie semble être la seule à se rendre compte que la chantilly ne rend pas le gâteau mauvais s'il était bon à la base (mais paye ta logique de wtf, quoi, quand même : ajouter un truc bon sur un autre truc bon le rend mauvais sous prétexte que ça n'était pas "nécessaire").
Et puis y a aussi des gens qui disent apprécier le gâteau mais pour pas être comme tout le monde ils disent ne pas aimer la chantilly (parce qu'elle est là pour nous faire aimer, voyez, et que c'est commercial etc). Cette catégorie c'est les Jean-Hipster, en fait, en gros.
Et puis y a évidemment ceux qui mangent juste la chantilly et n'ont aucun intérêt pour le gâteau. C'est surtout à cause de leur besoin de chantilly qu'elle se trouve là, et à fortiori c'est à cause d'eux que les catégories 1 et 3 existent. On pourra leur reprocher leur manque de curiosité/intelligence mais ils sont sûrement heureux quand même, de toute façon, c'est le principal.

Je pense qu'on pourrait diviser la catégorie 3 en deux, et que les Jean-Hipster (qui existent bel et bien je pense) c'est une explication qui n'est pas suffisante.

Beaucoup de consommateurs de fiction ont été élevés dans un monde en pleine évolution où l'habitude c'était d'abord de voir les humains habillés et/ou de faire du sexe un tabou (je ne dis pas que c'est bien/mal). Pendant toute leur enfance, ils ont été baignés dans une culture et des oeuvres très contrôlées/édulcorées par rapport à l'érotisme. Quand une scène avec de la nudité fait irruption, certains se retrouvent - indépendamment de leur bon vouloir - sortis de l'immersion.
Imagine que t'es en plein dans la hype, c'est épique, tu as oublié le monde qui t'entoure, et d'un seul coup tout redescend et tu te rends compte que t'es devant une machine, que les acteurs ne sont pas vraiment les personnages, que les dragons sont des textures creuses avec des effets numériques. Tu sentais presque les flammes te griller la peau, et maintenant tu sens que tu devrais ajouter du sirop de grenadine à ta liste de courses, tu te rappelles que t'as un souci avec un collègue au boulot, et tu te demandes si tu as bien mis la vignette de l'assurance sur ton pare-brise. Le héros essaye de te ramener dans le droit chemin en prononçant un discours épique, mais tu trouves ça ridicule et tu imagines quelqu'un qui ferait ça en vrai. Ton cerveau joue contre toi, la scène ne parviendra plus à te faire raccrocher. Est-ce que n'importe qui serait pas déçu de passer à côté de l'expérience dans ces moments-là ? Si ça intervient 4-5 fois en 30min est-ce qu'on va avoir les mêmes souvenirs de la série que si ça ne le fait pas ? Il faudra un certain recul et une certaine conscience de ses propres biais pour passer outre, et ça sera pas aussi naturel.
Trouver ça dommage, je considère que c'est autre chose que de faire son Jean-Hipster.

Après, je grossis le trait pour expliquer. Aussi perso ça ne me dégoutera jamais d'une oeuvre cool (pas plus que Star Wars 8 ne m'a dégouté pour deux trois scènes qui étaient un peu wtf par-dessus tout le reste qui m'a renvoyé en enfance). J'ai kiffé Game of Thrones, heureusement je ne fais pas partie de ceux qui n'ont pas pu le continuer contrairement à ma copine de l'époque qui n'a pas poursuivi les visionnages avec moi. Et pourtant, mon expérience (surtout la saison 1 si je me souviens bien) a été un peu pétée à ces moments-là.
Même si je ne suis pas le plus à plaindre dans la vie je considère qu'il y a des gens de tout bords qui ont des sensibilités vraiment différentes profondément inscrites en eux, et qu'on n'y pourra rien même si on applique tous les conseils de type "il faut les endurcir" (qui ne fonctionnent jamais). Et t'façon ça peut être un problème comme ça peut être une qualité, en tout cas c'est une autre façon d'expérimenter la vie. Je dis pas que les médias doivent se transformer pour eux, j'en prends juste compte pour mes propres décisions.

Semi HS: je fréquente plusieurs personnes (a priori normales, ni surexcitées ni asexuelles) qui ont la même impression que des fois, le temps de cerveau et l'attention alloués à l'érotisme font parasite dans des moments où on aimerait favoriser le travail, la créativité, l'apprentissage, le jeu, etc. Je n'ai pas de chiffres, mais j'imagine que ce ne sont pas des cas isolés. Juste que ce sujet personne n'en parle en public: c'est pas classe, ça fait cringy. Pour moi ce phénomène est de la même famille que celui que j'ai décrit plus tôt.